martes, 19 de abril de 2016








Colombie. Penser le processus de dialogue
entre le Gouvernement et l’ELN
PARTICIPATION DE LA SOCIETE,
 DEMOCRATIE ET INCIDENCE SUR LES CHANGEMENTS NECESSAIRES POUR LA PAIX


CARLOS MEDINA GALLEGO
Enseignant – Chercheur
Université Nationale de Colombie
Centre de Pensée et de Suivi du Processus de Paix – CPSPP – UN


Suite à l’annonce du début des dialogues de paix entre le Gouvernement National et l’Armée de Libération Nationale – ELN, des efforts importants et nécessaires sont réalisés pour contribuer à la mise en forme de l’ordre du jour des discussions à travers la construction de méthodologies qui puissent permettre à ces conversations d’arriver à des accords mettant fin au conflit armé, dans un processus d’approfondissement de la démocratie et de création d’une société avec plus de justice sociale et plus de possibilités de coexistence pacifique.

Il est inévitable d’accepter que les trois premiers points de l’ordre du jour sont liés et qu’ils constituent en eux-mêmes, au vu de leurs rapports déterminants, un point unique. On ne peut pas comprendre autrement que la participation de la société existe en fonction des initiatives et des propositions qui rendent la paix viable… dans le cadre d’… un exercice dynamique et actif, incluant et pluraliste, qui permette de construire une vision commune de la paix favorable aux transformations pour la nation et les régions avec comme objectif, des programmes de transformations pour dépasser la pauvreté, l’exclusion sociale, la corruption et la dégradation environnementale, dans une recherche d’équité. Aspects qui seront atteints à travers des plans alternatifs intégraux avec une approche territoriale, qui constituent des options économiques et productives au bénéfice des communautés.

En général, cet accord tend à ce que les communautés aient une incidence politique sur la formulation des politiques publiques et des plans de développement local, régional et national.



1.     Une participation sociale qui a une incidence, un impact politique

La participation sociale avec une incidence politique des organisations sociales et des citoyens constitue le fondement essentiel de ces dialogues.

Cette démarche correspond en grande part à la nature  de l’ELN, organisation où les mouvements sociaux ont une influence importante dans la construction collective du développement territorial tendant à garantir le plein exercice des droits humains et civils, et à trouver des solutions aux principaux problèmes de pauvreté et de marginalisation d’une grande partie de la population. Dans ce cadre, différents groupes organisés de la société civile, des mouvements sociaux, des organisations paysannes, des ONG, des fondations, des groupes de base, émergent dans la vie politique avec l’objectif d’influer de manière positive sur la construction de politiques publiques locales et de plans de développement alternatifs.

Cette situation est rendue plus complexe par la libéralisation de l’activité économique, qui donne un rôle toujours plus important au marché et à l’entreprise privée nationale et transnationale, à travers des concessions et des privatisations. Les résultats controversés de ces politiques ont amené ces dernières années certains secteurs sociaux à réclamer pour eux-mêmes une attitude plus protagonique face à l’Etat.

De la même façon, c’est à partir du « local » qu’émerge une vision alternative du développement qui cherche à repenser les mécanismes de relation entre l’Etat et la société civile à partir de la perspective d’une plus grande proximité entre les gouvernements locaux et la population pour définir les chemins du développement et du bien-être. Il y a là de nouveaux défis et de nouvelles responsabilités dans le champ de la politique et de la gestion publique car les communautés ne sont pas disposées à permettre que l’on continue d’instrumentaliser les espaces de pouvoir pour l’intérêt particulier au détriment des conditions générales de vie des populations. La scène politique traversée dans les régions a été chargée de violence, de clientélisme et de corruption. Cela rend nécessaire dans un contexte de paix que soient refondées les pratiques sociales, de participation politique et d’incidence réelle sur la formulation des politiques publiques, la formulation et la mise en œuvre des plans de développement. Cela comporte clairement deux objectifs dans les imaginaires de l’ELN :

Premièrement. Mettre en route une stratégie de participation où la formulation de plans de développement et de politiques publiques se centre chaque fois plus sur les acteurs sociaux du développement eux-mêmes, en encourageant le renforcement de leurs capacités à gérer et à être protagonistes de leur présent et de leur futur. Cela se dirige vers une autonomisation des groupes organisés de la société marginalisée et de la société locale en général, comme une des réussites les plus importantes du processus, et qui se manifeste par la capacité d’incidence politique orientée vers l’exercice de leur « pouvoir » face à la société qui les abrite.

Deuxièmement. La plus grande exigence en matière d’effectivité des accords se traduit par la nécessité de garantir une durabilité des résultats et des bénéfices pour de larges secteurs de la société. L’atteinte de la durabilité et une « massification » des résultats demande, souvent, d’adapter les cadres normatifs et les politiques publiques locales, régionales ou nationales, en rendant impératif le fait que les accords incorporent la dimension d’incidence politique dans leurs approches afin de prioriser les capacités des organisations sociales pour influer sur les politiques publiques.

Le thème de la participation de la société part de deux dimensions :
  1. Renforcement des capacités des organisations et des institutions pour qu’elles deviennent des acteurs clefs dans toutes les phases d’incidence politique que peut avoir le processus dans la formulation de politiques publiques.
  2. Soutien aux processus d’incidence sur les politiques promus par des acteurs organisés, pas directement liés à des partis politiques, mais articulés à travers des mouvements sociaux et des secteurs spécifiques de la population (communautés afro-descendantes, indigènes, paysannes, femmes, jeunes…). Pour l’ELN, réaliser des activités de dialogue politique avec les communautés et avec les autorités gouvernementales nationales, régionales et locales, signifie assumer une position de défense des groupes sociaux pauvres et marginalisés pour qui elle travaille.

A partir de cet horizon de possibilités surgissent des inquiétudes portant sur la nature des « produits » des processus de participation de la société qui résulteraient suffisants pour que l’ELN considère qu’il peut être mis fin au conflit armé et que peut débuter une ère de luttes démocratiques. Certaines questions pourraient orienter cette réflexion :
1.      Quels sont les résultats des processus de participation (incidence) des acteurs sociaux et de la société en général qui constituent des produits valides pour la fin du conflit armé ? La formulation de politiques publiques et la concertation sur les plans de développpement sont-elles considérées comme des résultats valides ?
2.      Quelles sont les conditions et comment les acteurs sociaux peuvent avoir une incidence sur la formulation des politiques publiques, dans quels secteurs et à quel niveau ?
3.      Quel rôle assument ou doivent assumer les différents acteurs ou agents sociaux qui interviennent dans le développement du processus de paix, dans quelles conditions et avec quelles garanties ?
4.      Quels sont les portées, les limites, les tensions et les défis des processus d’incidence politique menés par les acteurs sociaux dans le développement du processus de participation ?
5.      Existe-t-il un temps défini pour les processus de participation et pour que soient formulés les plans de développement et les politiques publiques pertinentes aux niveaux local, régional et national ?


2.Des politiques publiques et des plans de développement alternatifs

Il est possible, en termes de réalisations tangibles sur des temps déterminés à partir des composantes que constituent les trois premiers points à l’ordre du jour (participation de la société, démocratie et changements pour la paix), que pour le processus de conversations entre le Gouvernement et l’ELN, le plus pertinent soit de générer des accords et des consenssus sur la mise en œuvre de plans alternatifs et la formulation de politiques publiques d’initiative sociale et populaire.

Bien que les politiques publiques soient généralement comprises comme des décisions des autorités gouvernementales, législatives, judiciaires ou de contrôle qui apportent des solutions spécifiques sur le maniement des affaires publiques, il est important de souligner que dans ce processus, elles acquièrent un composant constituant si elles partent des besoins des populations et des territoires et si elles convoquent pour leur formulation la société dans son ensemble. La participation de la société, à travers ses formes organisées et dans des processus de construction démocratique aident à l’enrichissement des propositions et revêtent les accords de légitimité. Il importe de souligner que la participation politique s’assume comme un processus, des actions orientées pour impacter politiquement la formulation des objectifs, des buts et des procédures à travers lesquels ont atteint le bien commun : la politique orientée vers la réalisation d’objectifs déterminés.

Il est pourtant nécessaire de signaler que la politique peut être comprise comme un exercice de pouvoir d’un groupe sur d’autres et que, dans un processus de construction démocratique de paix, sans que soient résolues les contradictions d’intérêts qui reflètent une relation antagonique entre différents secteurs sociaux, il est nécessaire de contempler la possibilité d’agir politiquement et éthiquement dans l’intérêt de tous les groupes concernés.

Dans une approche intégrale, les politiques publiques englobent les différents domaines de la société : L’économique, le social, le politique et le culturel. Pourtant, on parle habituellement de politiques sectorielles, ce qui conduit souvent à un traitement et à une gestion isolée ou segmentée. Fréquemment, cela engendre que les décisions sur les politiques publiques se fassent sans prendre en considération l’ensemble des variables, en provoquant des décisions parcéllaires et inéfficaces. Ainsi, actuellement par exemple, on note une application prépondérante des politiques économiques au détriment des autres domaines de la dimension humaine et sociale.

Mais concrètement : Que doivent donner les dialogues de paix entre le gouvernement National et l’ELN à travers la participation de la société ?... Selon moi, des politiques publiques et des plans de développement alternatifs.

a.     Politiques publiques

Les politiques publiques se concrétisent dans :
  • Les Normes, comme les constitutions politiques, les lois, les règlements, les décrets exécutifs, les résolutions ministérielles, les ordonnances, etc…
  • Les Organisations ou Institutions publiques, dont la fonction est la décision, l’exécution et/ou le contrôle des politiques publiques.
  • Les plans, programmes, projets et actions. Il s’agit par exemple de plans nationaux de développement, plans de développement local, programmes de santé ou d’éducation, projets de soutien aux micro-entreprises ou petites entreprises, etc.
  • Les budgets et investissements fiscaux, qui incluent les sources de financement (impôts, droits de douane, endettement public, etc.) et les lignes d’investissement dans la mise en œuvre de plans, programmes, projets et actions.

Les politiques publiques traversent un cycle de gestion qui comprend cinq étapes basiques : Formulation, décision, définition du budget, exécution et contrôle. Le cycle des politiques publiques peut être gérer à partir de la notion bureaucratique et de gouvernance de la chose publique, ou elle peut être le résultat d’un exercice démocratique et participatif avec l’incorporation des acteurs étatiques, sociaux et provenant de l’entreprise privée.

Il est important de prendre en considération les cinq étapes ou phases du cycle des politiques publiques car chacune d’entre elles a son temps propre.

La Formulation. Cette étape prend naissance avec l’idée sur une nouvelle politique publique, elle passe ensuite par la reconnaissance des acteurs en tant que sujets politiques, l’analyse des conditions et des relations de force face à une politique déterminée, l’identification de la problématique, l’analyse des alternatives et le choix d’un instrument formel (politique sectorielle, loi, règlement, etc.) pour déboucher sur l’élaboration technico-politique de la proposition de politique publique.

La Décision. Elle correspond au processus de résolution, de la part des organismes gouvernementaux compétents dont la responsabilité, les mécanismes et les procédures sont définis dans le cadre normatif, particulièrement dans la constitution et les lois nationales, dans les ordonnances départementales et les arrêtés municipaux.

La Définition du Budget. C’est dans cette phase que sont définies les sources de financement et l’assignation des ressources financières nécessaires pour exécuter les politiques décidées. Strictement parlant, cette étape devrait faire partie du processus de formulation et de décision, afin de pouvoir compter avec les ressources économiques nécessaires pour la mise en œuvre des politiques. La définition du budget est généralement réalisée une fois que sont approuvés les cadres normatifs, les plans, les programmes ou les projets.

L’exécution. Elle concerne la réalisation pratique de la politique publique. Alors que traditionnellement, cette étape était une responsabilité exclusive des autorités et des institutions publiques, elle est assumée aujourd’hui sur le principe de co-responsabilité entre les acteurs sociaux, publics et privés.

Le Contrôle. C’est la dernière étape et elle consiste au suivi et à l’évaluation des résultats, et à la pertinence et la qualité des politiques publiques approuvées et exécutées. Le contrôle exige que soient définies et mises en place des mesures d’évaluation, exprimées normalement sous la forme d’indicateurs qui permettent de mesurer les résultats et de dégager des enseignements qui permettent de modifier, améliorer et même abroger des politiques publiques et les substituer par d’autres.

b.    Plans de développement alternatifs

Les plans de développement alternatifs sont l’autre produit résultant des dynamiques de participation de la société dans les conversations de paix. La particularité de ces plans est qu’ils ne sont pas le résultat de l’initiative particulière d’un gouvernant dans la réalisation de ses programmes de gouvernement mais le fruit de l’articulation logique des besoins des populations et des territoires à travers la participation décisive de la société dans leur élaboration et leur exécution.
Ces plans cherchent à répondre aux demandes sociales en matière de plein exercice des droits concernant le développement économique, social, politique et culturel des populations dans les territoires. Ce sont des plans qui prennent au sérieux les initiatives des organisations sociales et citoyennes, en matière de développement sectoriel, mais qui le font de manière intégrale et non désagrégée.
La particularité de ces plans alternatifs, plans de vie ou plans communautaires, comme on les appelle également, c’est qu’ils fondent une nouvelle institutionnalité dans l’ordre de la participation, de la naissance de communautés autonomisées avec un pouvoir de décision et qui réclament d’être effectivement protagonistes dans les champs de mise en œuvre et d’exécution de ces plans, ainsi que d’assurer le suivi et le contrôle des programmes et des projets qui, techniquement et économiquement, vont au-delà de leurs possibilités.


3.Une nouvelle Institutionnalité

La formulation de la politique publique et l’élaboration de plans alternatifs va certainement donner naissance à un nouveau modèle d’institutionnalité qui se pense à partir du collectif dans la prise de décision et dans l’exécution de ce qui est planifié. L’institutionnalité fait référence aux organismes publics comme aux organisations sociales qui, bien qu’elles aient une structure et une composition distincte de celles des institutions publiques et qu’elles ne disposent pas du même pouvoir que les premières, ont une présence et une influence dans les réalités où elles interviennent.

Le passage des sociétés industrialisées à celles de l’information et de la connaissance a affecté le modèle bureaucratique et a rendu possible l’émergence du modèle de gouvernance publique. Ce dernier modèle a accompagné l’hégémonie des politiques néolibérales, orientées vers le rétablissement du contrôle des secteurs du pouvoir politique et économique sur les agents de la bureaucratie. Les signes distinctifs du modèle de la gouvernance publique sont la gestion basée sur la demande des usagers ou clients et le transfert au secteur privé de l’administration des services publics.

Dans le milieu des années 90, le paradigme de l’institutionnalisté publique a commencé à faire l’expérience de nouvelles transformations. Depuis lors, on en est venu à parler de gouvernance. Avec ce modèle, la qualité et la légitimité de l’action publique trouve son fondement dans l’articulation et l’interaction entre différents acteurs sociaux et l’Etat, ainsi que dans la coordination des différents niveaux de gouvernement.

Les principaux postulats de la gouvernance sont : L’Etat n’est pas l’unique acteur du développement, la coopération et la co-responsabilité des autres sont nécessaires ; les rôles et les responsabilités entre de multiples acteurs sont redéfinis ; il n’y a pas de modèles uniques mais une efficacité qui s’adapte à la réalité, une flexibilité, une expérimentation et un apprentissage sur la base de l’essai/erreur.

Globalement, dans la relation traditionnelle entre l’Etat et la société, on réserve aux institutions gouvernementales le rôle essentiel de la définition et de la conduite des politiques publiques, sur le fondement d’un fonctionnement vertical qui va de l’institution publique vers les citoyens considérés seulement comme des destinataires ou des bénéficiaires. Dans cette vision, les décisions sur les politiques se réalisent à travers des équipes techniques ou des spécialistes, très souvent dans une vision sectorielle et partialisée.

Contrairement à cette orientation, les nouvelles conceptions sur la gestion publique sont basées sur une relation plus démocratique à partir des communautés. Ainsi, dans la mesure où la conception, la mise en œuvre et le contrôle des politiques sont réalisées à partir de larges bases de participation, on rend possible la construction d’une vision plus intégrale des objectifs et on considère les liens intersectoriels et une perspective stratégique du futur.

Ces nouvelles formes de gestion de la « chose publique » n’impliquent pas l’annulation des modèles antérieurs de la bureaucratie ou de la gouvernance mais leur complémentarité, en permettant une relégitimation des institutions de l’Etat et de son rôle dans les processus de développement basés sur une participation sociale décisive. Dans certaines zones où opère l’ELN, la gouvernabilité a vécu des transformations significatives dans le champ du modèle d’institutionnalité qui engage le communautaire dans la conduite des secteurs stratégiques pour favoriser le bien-être des communautés, comme par exemple, les services publics.


4.Incidence politique sur la formulation des plans de développement et des politiques publiques

La participation de la société, la démocratie et les changements nécessaires pour la paix sont conçus dans le cadre d’une proposition d’incidence politique réelle de la société sur les territoires.  L’incidence politique peut être comprise comme processus à travers lequel les citoyens, les acteurs sociaux, économiques et institutionnels, participent ou influent sur la définition, la gestion et le contrôle des politiques publiques générales ou sectorielles, au niveau local, départemental, national ou international. Cette participation ou influence implique de créer, modifier, de réaliser et/ou de déroger ou limiter les politiques publiques.

Si l’incidence politique en général et l’incidence sur les politiques publiques font partie de l’action politique, l’incidence sur la formulation des politiques publiques acquiert une importance majeure dans la mesure où elle suppose la modification des cadres normatifs, institutionnels et budgétaires ainsi que les plans, programmes et projets publics, pour qu’ils répondent aux intérêts des secteurs sociaux qui sont traditionnellement marginalisés.

Il y a un consensus général sur le fait que les politiques publiques les plus pertinentes et efficaces sont celles qui se construisent de manière participative et incluante car elles se basent sur l’exercice de droits. Cette forme de construction des politiques publiques ne se réduit pas à la création de conditions normatives, institutionnelles et opératives, elle apporte en plus la transformation des relations asymétriques de pouvoir entre les différents acteurs sociaux, ce qui offre la possibilité de compter sur des politiques publiques incluantes et formulées à partir d’une vision du développement équitable.

L’incidence sur la formulation de politiques publiques est un processus relationnel entre de multiples acteurs - organisations sociales, institutions privées, secteurs de l’entreprise, polititiens - et les pouvoirs publics qui incluent le gouvernement, le parlement, l’administration de la justice et les organismes de contrôle. C’est donc un processus éminemment politique dans lequel sont en jeu des intérêts divers et des relations de force ou de pouvoir. Malgre le caractère politique de ces processus, la formulation, la budgétisation, la gestion et le contrôle des politiques publiques requièrent également des critères et des apports techniques car, pour trouver des solutions aux problèmes ou aux limites qui appellent des interventions, on a besoin de planification, de direction stratégique et de construction technico-politique d’alternatives viables.

Les sujets destinataires de l’incidence sont les pouvoirs publics en tant qu’acteurs du processus de prise de décisions. Les fonctions exécutives ou de gouvernement, et les fonctions parlementaires ou législatives ont une importance particulière aux niveaux local, départemental, national et même sur la scène internationale, comme réponse à l’influence exercée par cette sphère dans un contexte de globalisation. C’est avec chaque fois plus de force que surgit l’idée d’une société civile globale ou internationale avec une capacité d’incidence sur la définition des régulations mondiales en partant des droits de l’humanité.

Aujourd’hui, il ne suffit plus que les politiques publiques soient le résultat du travail technique et de la décision des autorités démocratiquement représentatives. On exige que les politiques se trouvent dûment formulées et sous-tendues, et qu’elles prennent en compte les divers intérêts et points de vue existants dans la société, en garantissant la participation délibérative de certains secteurs.

Dans ce sens, l’Incidence en Politiques Publiques (IPP) est un processus (Participatif, Intentionnel, Organisé, Planifié, Systématique, Politique, Technique) à travers lequel les acteurs sociaux, économiques, institutionnels, et les citoyens en général, influent sur les politiques publiques à différents niveaux (Local, Régional, National, International) en modifiant les relations de pouvoir, avec l’objectif de garantir l’exercice des droits fondamentaux, le Développement équitable et une influence décisive sur la formulation de Politiques publiques incluantes.


5.Démocratie et participation citoyenne

Il n’existe pas une définition unique de la démocratie. La « démocratie » a des sens différents suivant l’idéologie de qui l’applique (libérale, néolibérale, socialiste, socialdémocrate, populaire…). L’ELN adoptera certainement une conception de la démocratie comme doctrine ou système politique basé sur l’intervention du peuple dans les décisions collectives ou de gouvernement. Dans ce régime politique, la souveraineté réside dans le peuple et est exercée par ce dernier de manière directe ou indirecte.

On parle de démocratie directe quand les décisions sont prises directement par les membres du peuple, des communautés, de leurs formes naturelles d’organisation sociale et citoyenne. Il y a une démocratie indirecte ou représentative quand la décision est adoptée par des personnes qui ont reçu le mandat de représentation de la part du peuple. La démocratie participative évoque le fait que le modèle politique permet la participation directe des citoyens pour négocier leurs intérêts et chercher à construire des consensus publics, communautaires et privés, basés sur la revendicaiton des droits citoyens. Ces trois formes de démocratie ne constituent pas en elles-mêmes des alternatives différentes, elles peuvent être appliquées de manière complémentaire.

Assurément, l’ELN part de l’affirmation qu’il existe une crise de légitimité que doivent affronter les systèmes démocratiques de plusieurs pays latinoaméricains en conséquence des limites mises en évidence pour trouver des solutions aux grandes inéquités sociales qui affectent de larges secteurs de la population. C’est la raison pour laquelle l’ELN a impulsé le développement d’initiatives en vue de renforcer l’esprit démocratique chez les citoyens et les mouvements sociaux, avec l’objectif de renouveler les institutions publiques, en les dotant d’une plus grande efficacité et de capacité pour représenter les demandes des populations et pour canaliser et contribuer à la résolution des conflits régionaux et nationaux.

De même, l’ELN considère que le manque de crédibilité des élites politique et de certaines autorités publiques met en évidence que l’élection par vote populaire n’est pas suffisante pour garantir la légitimité. Ce qu’elle peut permettre, dans le meilleur des cas, c’est la légalité. Dans les conditions actuelles, la légitimité dépend de l’équilibre, de la participation et de la représentation par les acteurs sociaux, politiques et publics des demandes et des intérêts sociaux et citoyens.

Par conséquent, quand l’ELN réclame la participation, cela ne signifie pas qu’il faille entrer en compétition avec les institutions de représentation, elle demande plutôt que ces dernières servent les intérêts, les besoins et les droits sociaux et citoyens. Autrement dit, la démocratie directe et participative ne réduit pas et n’élimine pas le rôle de la démocratie représentative, elle lui donne plutôt un nouveau sens démocratique. Une plus grande participation sociale et citoyenne est non seulement un mécanisme pour garantir les droits démocratiques mais aussi un mécanisme qui, pour assurer la participation sociale et citoyenne dans les affaires publiques, appelle à assumer des obligations majeures.

On a mis en évidence que la participation sociale et citoyenne est une composante fondamentale d’un nouveau type de démocratie, constituée par la combinaison et la synthèse entre démocratie représentative, démocratie participative et démocratie directe. Elle constitue à son tour, des bonnes pratiques de gouvernement, par le mécanisme d’expression de l’intérêt ou du projet des différents acteurs sociaux. Cette combinaison peut conduire à la réforme démocratique de l’Etat et à la transformation des relations entre l’Etat et la société, particulièrement en ce qui concerne la modification et la réduction des asymétries sociales et les relations de pouvoir.

En plus d’aboutir à une nouvelle forme de démocratie, d’autres arguments plaident en faveur de la participation : Elle offre une information sur le climat social dans lequel seront exécutées les activités du développement, elle révèle de manière efficiente les demandes et les besoins des communautés dans les territoires, elle engendre des apprentissages sociaux et de l’innovation dans les pratiques démocratiques et de gestion publique, elle renforce les acteurs et les institutions locales, elle favorise la crédibilité et la légitimité des processus, elle contribue à améliorer l’efficience des institutions locales, elle contribue à la formation de capital social, elle renforce les performances productives de la région ou de la localité, elle contribue à la consolidation de l’identité locale ou régionale.

A propos de la participation, on rencontre deux grandes visions. Soit on considère la participation comme un instrument de technique sociale et politique destiné à impliquer la population dans l’élaboration des propositions, soit au contraire, on la met en lien avec l’amélioration des institutions publiques et avec l’exercice de la démocratie dans un processus d’élargissement et d’approfondissement, qui se reflète dans un changement d’orientation de la gestion publique vers un modèle plus incluant et pluraliste. La participation combine ces deux dimensions, elle apparaît comme une alternative face à la crise du système politique et au modèle économique excluant, aux défis d’efficacité et de durabilité des processus de développement, et aux nouvelles pratiques de développement local et de décentralisation.

Les processus participatifs ont besoin de construire certaines conditions basiques pour pouvoir murir et être efficaces. Il faut du temps pour, entre autres, promouvoir l’organisation et l’autonomie des acteurs sociaux, identifier leurs demandes et construire des alternatives techniques, approfondir la connaissance de la réalité sociale et des processus de prise de décision dans les affaires publiques, ouvrir le dialogue et attirer l’attention des autorités et des acteurs qui prennent ou facilitent les décisions, promouvoir un équilibre des forces quand il existe des relations asymétriques de pouvoir. Cette situation doit être prise en compte pour la table de conversations gouvernement-ELN, car il y a une saturation du processus de conversations de la première table[i] qui va peser avec force sur la deuxième, avec une demande de résultats sur des temps plus courts. C’est pourquoi il est nécessaire de définir avec clarté le type d’éléments demandés de la participation de la société qui sont nécessaires pour la paix et les méthodologies et chronogrammes à travers lesquels seront atteints ces éléments qui doivent servir à la signature d’un accord de fin du conflit, et qui ne sont que le point de départ d’un long processus de transformations démocratiques.

La participation de la société dans la formulation de politiques publiques et de plans de développement alternatifs a différents niveaux qui vont de l’accès à l’information jusqu’à des formes de participation plus complexes et completes qui impliquent les communautés dans des aspects importants de la gestion publique et l’exécution des politiques, des plans et des projets de développement. Une route de participation pourrait considérer plusieurs niveaux, mais les plus courants sont les suivants :
       L’information se trouve au premier niveau de la participation sociale et citoyenne, et c’est la condition basique qui rend possible tout type de participation. Elle est basée sur la connaissance de ce qui existe ou sur les propositions de normes, de plans, de programmes, de projets et de budgets des communautés et des organismes publics. C’est un niveau qui établit avec clarté l’état des choses, comme un diagnostic de situation du changement qui construit l’intelligence sociale nécessaire pour que soient prises des décisions raisonnables et judicieuses.
·       Un deuxième niveau est celui de la consultation des citoyens, à travers des consultations populaires, des assemblées locales ou régionales, des chapitres populaires, des assemblées constituantes locales, des tables de travail, d’échange et de concertation, sont autant de possibilités qui permettent aux communautés, coinjointement avec les autorités gouvernementales et législatives locales d’arriver à des accords sur les demandes et les urgences de la population en matière d’action publique.
        La participation avec une capacité de décision est le troisième niveau, dont les formes les plus connues sont le plebiscite et le référendum. Il existe également d’autres modes plus innovants avec une portée plus localisée comme l’élaboration des plans de développement et les budgets participatifs ou la planification concertée du développement local entre les champs publics et communautaires.
       La co-responsabilité dans l’exécution des plans de développement et des politiques publiques peut être considérée comme le quatrième niveau. L’exécution suppose une distribution adéquate des fonctions et des responsabilités entre l’Etat, les communautés et les citoyens en général. L’inclusion des communautés et des mouvements sociaux dans l’exécution des programmes, des plans et des projets d’intérêt commun avec un accompagnement technique et un contrôle fiscal constitue un exercice innovant en matière de participation dans la gestion publique.
       Un cinquième niveau est le contrôle social des actions des institutions publiques par la population et ses différentes formes d’organisation, en lien avec le suivi et l’évaluation, et avec différentes formes d’examen et de veille citoyenne sur le respect de ce qui a été accordé et construit socialement.



6.     Risques et limites de la participation de la société

Les opportunités pour participer et avoir une influence sur les politiques publiques ne sont pas les mêmes pour toutes et tous les citoyens. L’exclusion qui caractérise nos sociétés évince d’amples secteurs sociaux de la définition, de l’exécution et du contrôle des politiques publiques. Par le genre, par l’extraction socio-économique, par l’origine ethnique, l’âge ou le lieu de résidence, une grande partie de la population de notre pays rencontre des obstacles à la participation.

La perte des limites entre gestion publique et intérêts privés qui se produit depuis plus de trois décennies, l’opportunisme manifesté par les élites politiques et économiques, et leur désintérêt particulier pour le bien commun, ont engendré un désenchantement des citoyens et un manque de confiance envers les institutions de l’Etat. Actuellement, plusieurs conflits s’expriment et sont résolus en dehors des canaux légaux, dans la construction de nouvelles institutionnalités qui prennent la forme de l’Etat.

Malgré ces problèmes et malgré l’exercice brutal de la violence, les communautés, leurs mouvements sociaux et les citoyens se sont mobilisées en prenant des forces à travers l’action organisée des secteurs ethniques, des quartiers, des femmes, des défenseurs de l’environnement, des gouvernements locaux, entre autres. Les acteurs traditionnellement exclus des processus de construction des politiques et sans capacité de faire valoir leur vision dans la gestion publique tendent aujourd’hui à exercer leurs droits citoyens et à être reconnus à partir de leurs espaces propres. Peu à peu, ils se sont convertis en sujet social de droit et en sujet politique avec une influence déterminante sur le territoire.

Pourtant, au-delà de tout l’éventail d’opportunités offertes par la participation de la société dans la définition des affaires publiques du développement, il est nécessaire de signaler qu’il existe également un certain nombre de risques et de limites dans les processus participatifs :

  • La plus grande limitation est l’absence de pouvoir des secteurs qui ont le moins de ressources et une capacité moindre pour influer sur les processus et toute prise de décisions : la population qui supporte des situations de pauvreté dans des conditions de désorganisation et de dispersion extrême, la piètre participation, conditionnée, des enfants et des adolescents, des femmes, des indigènes et des afro-américains, entre autres.
  • Les limites à la confrontation avec des groupes ou des élites participatives qui comptent généralement avec des niveaux plus élevés de culture, de connaissance technique et avec plus de ressources institutionnelles, matérielles et économiques mais qui ne représentent pas les intérêts des secteurs sociaux marginalisés.
  • La participation des citoyens non organisés qui conforment la majorité de la population, avec la crainte du conflit armé ou de la répression institutionnelle vécue par de larges secteurs de la population.
  • La perception du conflit à travers le conflit armé, en méconnaissant sa nature sociale et politique. En effet, le conflit compris positivement et traité de manière adéquate engendre une démocratisation majeure de la société. Il ne faut pas oublier qu’un des éléments essentiels de la démocratie et de la politique a été le conflit qui se produit par les asymétries sociales et qui pousse certains secteurs à s’orienter ver la recherche d’équité et de justice.
  • Un risque auquel il faut prêter une attention particulière est celui engendré par un modèle de participation inutile, où s’usent les forces sociales en élaborant des propositions et en proposant des politiques, des plans, des programmes, des projets, des actions qui n’ont aucune influence sur le comportement institutionnel, sont ignorés ou, pire encore, ne sont pas respectés après avoir été accordés.
  • Un autre risque est de ne pas comprendre que le dialogue politique pluraliste est celui dans lequel s’établit une relation et une interaction entre deux ou plusieurs acteurs différents, qui sont disposés à s’entendre à travers l’expression de leurs intérêts et de leurs arguments, la négociation délibérative et la concertation.

Dans sa dimension politique et sociale, le conflit est constitué comme demande d’une plus grande liberté et participation sociale, ainsi que d’une meilleure distribution du pouvoir politique et d’une plus grande équité sociale : Voilà le but ultime de la participation sociale avec incidence politique.



7.     Les défis organisationnels de la participation de la société dans la construction de la paix

La participation sociale et citoyenne dans le développement de la gestion politique et le renforcement de la démocratie doit être caractérisée comme diverse et complexe. Son traitement dépend de multiples facteurs comme le moment historique qui se vit dans le pays et dans les régions, la pertinence sociale de la participation, l’entourage culturel et idéologique de ceux qui participent, leur capacité organisationnelle et de mobilisation sociale, leur intelligence propositive, la capacité à accepter et à se mouvoir dans une pluralité d’intérêts, la disposition politique de l’institutionnalité, l’existence de canaux légaux et légitimes, les conditions et les ressources, les accompagnements techniques, les mécanismes de résolution négociée des conflits, les médiations qualifiées, entre autres.

Malgré cette complexité à peine esquissée, il est nécessaire d’établir des critères qui aident à affronter les défis que rencontre la participation de la société dans un processus de conversations de paix où son protagonisme est essentiel.
Je crois qu’un point à résoudre est celui de la capacité d’incidence politique de la société dans la prise de décisions et dans le procédé de la participation lui-même. Notons quelques aspects à prendre en considération :

a.      Dans un processus de participation sociale qui projette d’avoir une incidence politique, il est nécessaire d’assurer que l’acteur social ou les acteurs sociaux qui le développent, incorporent des formules de concertation en interne dans leurs propres organisations. Avant de porter des dénonciations, des diagnostics et des demandes, il faut que soient établies des routes claires de concertation sociale sur ce qui est réalisable et que cela soit le résultat d’une modalité interne de consultation, d’analyse et de décision qui clarifient et rendent explicites des élaborations permettant d’assurer une fluidité des conversations et de donner une réponse opportune et pertinente aux processus de conversation et aux accords qui ont lieu en externe. Ce qui est décidé en interne est un matériel de travail et ne doit pas se convertir en obstacle infranchissable. C’est matière à accord et non à imposition.

b.      Les organisations sociales doivent être en relation avec différentes instances de la gestion publique, dont les partis politiques. Si les partis politiques ont perdu en crédibilité et en représentativité, ils continuent à être des organisations de la société civile qui s’orientent spécifiquement sur l’incidence politique et qui travaillent pour accéder à l’exercice direct de la gestion publique. Ce sont des éléments indispensables de la scène démocratique et le défi consiste à réussir et maintenir des systèmes démocratiques en leur sein. Les organisations et les mouvements sociaux doivent toujours plus influer sur le comportement des partis politiques, car ces derniers ont la fonction d’intervenir dans la solution de leurs problèmes face aux institutions étatiques.

c.       De nombreuses thématiques sur lesquelles on veut influer peuvent comporter des grades divers de complexité, il peut donc être d’une extrême importance de compter sur des niveaux adéquats d’information et de critères techniques, avec un conseil et un accompagnement académique et professionnel qui facilitent la prise de décisions pertinentes.

d.      Il est nécessaire de considérer la participation de la société comme acteur dans les processus d’incidence politique, on doit prendre en considération toute entité sociale et institutionnelle avec une identité propre qui a une vision et un intérêt sur un thème, sur lequel elle assume une position, et qui agit et construit une relation sociale et une relation de pouvoir. Dans ce sens, les acteurs qui participent dans les processus d’incidence politique sont toutes les entités qui participent à la construction, la mise en œuvre et le contrôle d’une politique publique en relation avec un thème défini. Parmi eux, par ordre d’importance, les autorités publiques comme le gouvernement national, les gouverneurs, le Congrès national, les assemblées départementales, les conseils municipaux, les ministères, les secrétariats généraux, les fonctionnaires et les techniciens d’une entité ou d’un service public ; L’Organisation sociale de base et de deuxième degré ; les mouvements sociaux ; les partis politiques ; les groupes civiques ; les Organisations Non Gouvernementales ; le secteur privé des entreprises ; les organisations confessionnelles, les églises ; les centres d’expertise, de recherche, académique ou professionnel ; les médias (TV, journaux, radios, Web) ; les projets de coopération internationale ; les communautés ethniques, la population LGTB, les mouvements de défense de l’environnement ; entre autres.

e.       Le degré d’implication d’un acteur dans le processus de Participation Politique avec un certain niveau d’incidence peut varier en intensité et en profondeur. Un acteur peut, uniquement, disposer d’information pertinente sur un thème, connaitre le cadre légal et politique existant et les propositions de normes et de plans en cours d’élaboration. A un autre niveau, il peut être invité à exprimer sa demande et ses points de vue au sujet de l’action publique et des propositions en cours d’élaboration, jusqu’à extérioriser son opinion et participer à la décision sur une politique publique (par référendum, vote, etc.) et être co-responsable de son exécution et du contrôle de sa mise en œuvre.

f.       Il est important de comprendre quelles forces sociales ont intérêt  au développement d’une politique publique déterminée, par exemple, environnementale, minéro-énergétique, développement agraire, sécurité citoyenne, santé, éducation… Pour ce faire, on propose une classification des catégories d’analyse et une organisation rationelle des populations intervenantes, pour garantir un usage optimum de leurs expertises et motivations afin d’établir le diagnostic et concevoir les politiques et la stratégie à suivre. Il est important que ceux qui intègrent la force organisatrice et motrice de la participation sociale dans les territoires puissent identifier de manière concrète les autres acteurs en capacité d’influer sur l’élaboration des propositions, les éléments de politiques publiques, afin d’établir des stratégies viables ou introduire des ajustements qui augmentent l’impact de leur participation.

g.      Il doit exister une force organisatrice et motrice de la participation, composée par des acteurs sociaux, économiques, politiques, publics, civiques, qui exercent une pression directe ou indirecte sur le pouvoir gouvernemental, afin d’obtenir des décisions de politique publique conforme à leur vision et leur intérêt. Cette force doit être large et pluraliste, elle doit avoir l’initiative d’organiser le travail et de le conduire, ainsi que d’analyser les problématiques et leurs répercussions. Ils identifient les autres acteurs, définissent la stratégie pour leur participation. Le but étant d’influer politiquement pour atteindre une mise en adéquation ou un changement de politique, ils peuvent donc se faire accompagner d’assesseurs et d’experts dans l’élaboration de la conception technico-politique des propositions.

h.      Dans la participation de la société, ni la société, ni l’Etat ne se refondent, par contre, la démocratie s’élargit et s’approfondit, les conditions sont créées pour que les processus de transformation sociale puissent en découler avec une plus grande légitimité et légalité. C’est pourquoi il est nécessaire d’établir une bonne relation avec les instances qui ont des attributions et des compétences pour résoudre les demandes de politiques publiques et les persuader de l’importance de la gestion sociale dans le développement de la gestion publique.

i.        La participation de la société que nous avons caractérisée comme diverse et complexe, ne va pas toujours dans le sens de l’intérêt collectif et du bien commun, il y a également des forces qui courrent après l’intérêt particulier et le bien privé, des acteurs sociaux ou institutionnels qui s’opposent aux propositions et qui disposent des ressources pour influer sur les responsables de la prise de décision. Toute initiative de participation politique engendre une résistance de différente nature et intensité, elle a des opposants avec des forces et des arguments divers. Pourtant, il est nécessaire de rappeler que les forces d’opposition ne constituent pas toujours des blocs monolithiques : il y a en leur sein des secteurs avec qui on peut négocier, ce qui permet d’éviter que les propositions soient bloquées. L’idéal est que l’on puisse favoriser les intérêts de toutes les parties, mais cela n’est pas possible. Un accord avec ses limites sera toujours meilleur qu’une nouvelle guerre.

j.        Pour que la participation sociale soit drappée de la plus grande légitimité, il est toujours pertinent de compter avec le soutien de personnes influentes, d’une opinion publique favorable, d’organisations importantes… qui puissent jouer un rôle décisif au moment crucial. Des acteurs qui interviennent de manière active dans les processus de décision comme les médias (TV, radio, presse), les partis politiques et les mouvements sociaux, les centres d’expertise (milieux académiques, instituts spécialisés, secteurs professionnels), les institutions religieuses, les forces armées… Ces acteurs ont un grand pouvoir dans la société, ils influent sur la perception des citoyens, sur la formation des courants d’opinion et sur la position des personnes qui décident. Ils peuvent bloquer ou rendre visibles les propositions.


8.     Une route méthodologique simple

Ce qui est le plus difficile pour un processus de participation de la société dans un climat d’élargissement et d’approfondissement de la démocratie qui mette en exergue des propositions permettant d’engendrer les changements nécessaires pour la paix, c’est la question du comment faire et sur quels temps. C’est la raison pour laquelle il serait pertinent de prendre en considération les aspects suivants de construction d’unités d’analyse dans l’établissement de processus qui, bien que complexes, ne doivent pas être ingérables :

1.      Etablir les éléments qui unissent les acteurs. Les acteurs sociaux délimitent la problématique qui les préoccupent, les besoins qu’ils ont en commun et ils accordent les objectifs de changement qu’ils poursuivent. C’est l’élaboration des ordres du jour.

2.      Définition des mécanismes de participation et de représentation. Le groupe définit les mécanismes qui vont permettre la participation des différents segments d’acteurs qui le compose. C’est l’organisation de la participation et la construction des niveaux de décision, de représentation et d’autorité.

3.      Auto-diagnostic de la problématique. Le groupe procède à une analyse des différentes dimensions des problématiques, des acteurs impliqués et des formules de solution. Cela engendre une production sociale d’apports

4.      Elaboration d’une proposition et d’un plan d’action qui reflètent une volonté collective. C’est la systématisation et la formulation de politiques avec un plan d’incidence.

5.      Definition d’une organisation appropriée. Le groupe détermine une organisation efficace, établit des niveaux de décision et d’autorité, de représentation et d’interlocution légitime, qui s’approprie la responsabilité d’arriver à des accords et du suivi de la mise en œuvre.

6.      Exécution et évaluation du plan. Le groupe met en pratique le plan d’incidence avec une capacité à l’adapter en fonction des avancées, de la réaction des autres acteurs et des conditions changeantes de l’environnement.

Il existe différentes méthodes pour promouvoir ou réaliser des processus d’incidence de la société sur la formulation de politiques publiques mais en général, elles doivent passer par quatre étapes :

1.       Diagostic : On définit la ou les situations de conflit
2.       Elaboration de la proposition : On distingue a) l’identification des éléments clefs de la politique à introduire ou à modifier et b) la conception de stratégies d’action pour atteindre l’incidence 
3.       Dans l’établissement du plan d’incidence, on suggère de a) définir les lignes d’action et la répartition des responsabilités et b) la logique du plan.
4.       Dans le suivi et l’évaluation, prendre en compte a) le suivi-évaluation de l’execution du plan et b) l’évaluation de l’impact effectivement atteint avec la nouvelle politique


Réflexions finales

Convertir la société en sujet de dialogue dans des conversations de paix est le fruit d’un processus progressif d’autonomisation qui conduit des acteurs sociaux marginalisés ou exclus à développer leur vision du monde sociale et politique, à gagner en identité et en volonté politique, et de cette manière, à concevoir et à réaliser des actions d’incidence politique pour négocier des environnements qui correspondent mieux à leurs besoins. Avoir une incidence efficace sur la gestion publique requiert et implique une attitude pro-active, promeut le renforcement organisationnel et le besoin d’affirmer des leaders, de formuler des objectifs clairs et de développer des capacités pour se positionner face à l’opinion publique et d’autres forces sociales.

La capacité à influer sur le politique dépend du pouvoir que le groupe réussit à contrôler et de sa capacité à l’utiliser, ceci est en lien avec son renforcement comme sujet social et politique, tant en interne, comme dans ses relations avec d’autres groupes et intérêts, ce qui implique un dialogue plus large que ses propres espaces naturels et ses besoins propres ou exclusifs.

Les mouvements sociaux luttent pour réussir à négocier de nouvelles règles plus équitables qui contribuent à la transformation des relations de pouvoir et à la construction d’un bien-être, d’un vivre ensemble et d’une sécurité meilleurs, mais ils sont dans des espaces où la multiplicité des intérêts doit être prise en compte, dans des dialogues ouverts et francs où se construisent des ordres du jour communs. La production locale et régionale engendre des apports pour la construction de politique publique d’implications nationales car elles partagent des problématiques et des besoins qui le rendent possible.

Dans la proposition faite par l’ELN de mettre sa confiance dans la société pour qu’elle participe démocratiquement à la formulation de propositions, de politique publique et de plans de développement alternatif, une route pertinente est qu’elle se conclut dans le temps par un grand DIALOGUE NATIONAL et un PROGRAMME NATIONAL DE PAIX qui engage des réformes constitutionnelles et institutionnelles démocratiques, des politiques publiques, des plans de développement et des investissements focalisés.





Notes Bibliographiques. Une grande partie des idées de ce document appartiennent au patrimoine culturel des mouvements sociaux en Amérique Latine, exposés dans différents forums et ateliers internationaux, et systématisés dans des documents d’où elles ont été prises de manière littérale et ajustées à la réalité et aux besoins de l’actuel processus de paix entre le Gouvernement colombien et l’ELN. Parmi les documents utilisés :
·         “¿Cómo actores sociales inciden en políticas públicas?”. Memorias del IX Seminario Taller Latinoamericano ASOCAM. Cochabamba, Bolivia. Benalcázar, Patricio. (2006).
·         “Incidencia Política: Estrategia, Metodología y Herramientas” Ponencia presentada en el Seminario –Taller de ASOCAM. Área de Sociedad Civil de CRSEcuador. Cochabamba, Bolivia. CARE (2001).
·         Promoviendo el cambio de políticas. Guías y herramientas para la incidencia política. Atlanta, USA. Cifra, Jordi (1998).
·         Lobbying, cómo influir eficazmente en las decisiones de las instituciones públicas. Ediciones Gestión. Barcelona, España. http//:www.wikipedia.org Ocón (2006).
·         “Reflexión sobre la aplicación de métodos”. Ponencia presentada en el Seminario –Taller de ASOCAM. Cochabamba, Bolivia. Prats i Catalá, Joan (2005).
·         Las transformaciones de las administraciones públicas de nuestro tiempo. Institut Internacional de Governabilitat de Catalunya, Barcelona, España. McKinley, Andrés. CRS (2002).
·         Facilitando un taller básico de incidencia política. El Salvador. WOLA-CEDPA (2005). 








miércoles, 13 de abril de 2016

Pensando el proceso Gobierno-ELN
LA PARTICIPACION DE LA SOCIEDAD, DEMOCRACIA  Y SU INCIDENCIA EN LOS CAMBIOS NECESARIOS PARA LA PAZ

CARLOS MEDINA GALLEGO
Docente-Investigador
Universidad Nacional de Colombia
Centro de Pensamiento y Seguimiento al Proceso de Paz - CPSPP-UN

Importantes y necesarios esfuerzos se han comenzado a realizar en relación con el anuncio del inicio de los diálogos de paz entre el Gobierno Nacional y el Ejército de Liberación Nacional-ELN- orientados a hacer aportes para el desarrollo de la agenda en lo referente a la construcción de metodologías que posibiliten que esas conversaciones encuentren rutas efectivas para llegar a acuerdos que pongan fin al conflicto armado,  en un proceso de profundización de la democracia y generación de una sociedad con mayor justicia social y posibilidades de convivencia pacífica.

Es inevitable aceptar que los tres primeros puntos de la agenda están interrelacionados y constituyen ellos mismos un punto único por sus interconexiones determinantes. No de otra manera se puede entender que la participación de la sociedad será en función de iniciativas y propuestas, que hagan viable la paz… en el marco de…un ejercicio dinámico y activo, incluyente y pluralista, que permita construir una visión común de paz que propicie las transformaciones para la nación y las regiones y,  que esto tenga como propósito, programas transformadores para superar, la pobreza, la exclusión social, la corrupción y la degradación ambiental, en búsqueda de equidad. Aspectos que se conseguirán a través de planes alternativos integrales con enfoque territorial, que constituyan opciones económicas y productivas que beneficien a las comunidades.

En general este acuerdo lo que busca es que las comunidades tengan incidencia política en la formulación de las políticas públicas y los planes de desarrollo local, regional y nacional. 
        
1.     Participación Social con incidencia política

La participación social con incidencia política por parte de organizaciones sociales y la ciudadanía constituye el fundamento esencial de estos diálogos.

En gran parte, este enfoque obedece a la naturaleza organizativa del ELN en la que tiene una influencia relevante los movimientos sociales en la construcción colectiva del desarrollo territorial  dirigido a garantizar el pleno ejercicio de los  derechos humanos y civiles, y a solucionar los principales problemas de pobreza y marginalidad de amplios sectores de la población. En este escenario, diferentes grupos organizados de la sociedad civil, como movimientos sociales, organizaciones campesinas, ONG, fundaciones, grupos de base, emergen a la actividad política con el propósito de incidir de manera positiva en la construcción de políticas públicas locales y planes de desarrollo alternativos.  

Situación está que se hace más compleja con la liberalización de la actividad económica y otorgando un papel cada vez más relevante al mercado y la empresa privada nacional y trasnacional, a través de concesiones y privatizaciones. Los controversiales resultados de estas políticas han determinado que en estos últimos años algunos sectores sociales se  reclamen asi mismos una actitud más protagónica frente al Estado.

De la misma forma viene aflorado de manera alternativa una visión de desarrollo desde lo local, que persigue replantear los mecanismos de relacionamiento entre el Estado y la sociedad civil desde una perspectiva de mayor acercamiento entre los gobiernos locales y la población en la definición de las rutas del desarrollo y el bienestar. Esto significa nuevos retos y responsabilidades en el ámbito de la política y de la gestión pública en razón a que las comunidades no están dispuestas a permitir se sigan instrumentalizando los espacios del poder para el beneficio particular en detrimento de las condiciones generales de vida de las poblaciones. El escenario político por el que han transitado las regiones ha estado cargado de violencia, clientelismo y corrupción  haciéndose necesario en un contexto de construcción de paz, la refundación  de las prácticas sociales, de participación política y de incidencia real en la formulación de políticas públicas, formulación e implementación de planes de desarrollo. Esto tiene en los imaginarios del ELN, seguramente dos propósitos:

Primero. Colocar en marcha una estrategia de participación en la que la formulación de planes de desarrollo y políticas públicas se centra cada vez más en los propios actores sociales del desarrollo, propendiendo su fortalecimiento como gestores y protagonistas de su presente y futuro. Esto dirigido hacia un  empoderamiento de grupos organizados de la sociedad marginada y de sociedad local en general, como uno de los más importantes logros del proceso, manifiesto en la capacidad de incidencia política orientada a ejercer su “poder” ante la sociedad que los cobija.

Segundo. La mayor exigencia por conseguir efectividad en los acuerdos se traduce en la necesidad de garantizar sostenibilidad en los resultados, así como beneficios para amplios sectores de la sociedad. En el logro de la sostenibilidad y de una “masificación” de resultados requiere, muchas veces, de adecuar los marcos normativos y las políticas públicas locales, regionales o nacionales, tornando imperativo que los acuerdos incorporen la dimensión  de incidencia política en sus enfoques a fin de priorizar las capacidades de las organizaciones sociales para influir en las políticas públicas.

E l tema de la participación de la sociedad se da  a partir de dos dimensiones: 1. Fortalecimiento de las capacidades de las organizaciones y las  instituciones para que se conviertan en actores clave en todas las fases de la incidencia política que pueda tener el proceso en la formulación de políticas  públicas. Y, 2. Apoyo a procesos de incidencia en políticas promovidos por actores organizados, no directamente vinculados a partidos políticos,  pero si, articulados a través de movimientos sociales y sectores específicos de la población (comunidades afrodescendientes, indígenas, campesinos, mujeres, jóvenes…).  Para el ELN realizar actividades de diálogo político con las comunidades y con las autoridades gubernamentales nacionales, regionales y locales, significar asumir una posición de defensa por los grupos sociales pobres y marginados a los que dedica su quehacer.

Desde este horizonte de posibilidades surgen inquietudes sobre cuáles deben ser los “productos” de los procesos de participación de la sociedad que resulten suficientes para que el ELN considere que se puede dar por terminado el conflicto armado y que se inicia una era de luchas democráticas. Algunas preguntas podrían orientar esa reflexión:

1.       ¿Cuáles son los resultados que puede arrojar los procesos de participación (incidencia) de los actores sociales y la sociedad en general, que se constituyan en productos validos para la terminación del conflicto armado?; ¿se considera como resultados validos la formulación de políticas públicas y la concertación de planes de desarrollo?
2.       ¿Cuáles son las condiciones y cómo los actores sociales pueden incidir en la formulación de  políticas públicas, en que sectores y a que nivel?
3.       ¿Qué rol cumplen o deben cumplir los diferentes actores o agentes sociales que intervienen en el desarrollo del proceso de paz, en que condiciones y con que garantías?
4.        ¿Cuáles son los alcances, limitaciones, tensiones y desafíos de los procesos de incidencia política llevados a cabo por los actores sociales en el desarrollo del proceso de participación?
5.       ¿Existe un tiempo definido para que se den los procesos de participación y se formulen los planes de desarrollo y las políticas públicas pertinentes en los ámbitos local, regional y nacional? 

2.     Políticas públicas y planes de desarrollo alternativos

Posiblemente los más pertinente para el proceso de conversaciones Gobierno –ELN  en términos de realizaciones tangibles en tiempos determinados, a partir de los componentes que constituyen los tres primeros puntos  de la agenda (participación de la sociedad, democracia y cambios para la paz) sea el de generar acuerdos y consensos para la implementación de planes alternativos y la formulación de políticas públicas de iniciativa social y popular.
    
Aunque las políticas públicas suelen ser entendidas como las decisiones de las autoridades gubernamentales, legislativas, judiciales o de control, que aportan soluciones específicas sobre cómo manejar los asuntos públicos. Es importante señalar que en este proceso adquieren un componente constituyente si parten de las necesidades de las poblaciones y los territorios y convocan a su formulación a la sociedad en su conjunto.  La participación de la sociedad, a través de sus formas organizadas y en procesos de construcción democrática ayudan al enriquecimiento de las propuestas y revisten de legitimidad los acuerdos. Es destacable señalar que la participación política se asuma como un proceso, como acciones orientadas incidir políticamente de la formulación de los objetivos, metas y procedimientos mediante los cuales se alcanza el bien común: la política orientada socialmente hacia la consecución de objetivos determinados.

No obstante es necesario señalar que la política puede entenderse como un ejercicio de poder de un grupo sobre otros y, que en un proceso de construcción democrática de paz, sin que se salven las contradicciones de intereses que reflejan una relación antagónica entre diversos sectores sociales,  es necesario contemplar la posibilidad de obrar política y  éticamente en provecho de todos los grupos involucrados.

Desde un enfoque de integralidad, las políticas públicas abarcan los diferentes ámbitos de la sociedad: lo económico, social, político y cultural. No obstante, se suele hablar de políticas sectoriales, lo que muchas veces conduce a un tratamiento y gestión aislada o segmentada de las mismas. Esto provoca que con frecuencia las decisiones sobre políticas públicas se hagan sin considerar el conjunto de las variables, generando decisiones parceladas e ineficientes. Así por ejemplo, en la actualidad se nota una preponderancia de la aplicación de políticas económicas en detrimento de otros ámbitos de la dimensión humana y social.

 Ahora bien, en concreto: qué deben dejar los diálogos de paz entre el gobierno Nacional y el ELN a través de la participación de la a sociedad… en mi concepto políticas públicas y planes de desarrollo alternativos.

a.     Políticas públicas
Las Políticas Públicas se concretan en:

        Normas: como las constituciones políticas,  leyes, reglamentos, decretos ejecutivos, resoluciones ministeriales, ordenanzas,  etc.
        Organizaciones o instituciones públicas: cuya función es la decisión, ejecución y/o control de las políticas públicas.       
        Planes, programas, proyectos y acciones: se trata, por ejemplo, de planes nacionales de desarrollo, planes de desarrollo local, programas de salud o educación, proyectos de apoyo a las microempresas o pequeñas empresas, etc.
        Presupuestos e inversiones fiscales: que incluyen las fuentes de financiamiento (impuestos, aranceles, endeudamiento público, etc.) y las líneas de inversión en la implementación de planes, programas, proyectos y acciones.

Las políticas públicas transitan por un ciclo de gestión que comprende cinco etapas básicas: formulación, decisión, definición del presupuesto, ejecución y control. El ciclo de las políticas públicas puede ser gestado desde la noción burocrática o gerencial de lo público, o puede ser el resultado de un ejercicio democrático y participativo con la incorporación de los actores estatales, sociales y de la empresa privada.

El Ciclo de las políticas públicas se desarrolla a través de cinco etapas o fases que es importante tomar en consideración, porque cada una de ellas tiene su propio tiempo.

Formulación: Esta etapa se origina con la idea sobre una nueva política pública, luego pasa por el reconocimiento de los actores en tanto sujetos políticos, el análisis de las condiciones y las relaciones de fuerza frente a determinada política, la identificación de la problemática, el análisis de alternativas y la elección del instrumento formal (política sectorial, ley, reglamento, etc.), para desembocar en la elaboración técnico-política de la propuesta de política pública.

Decisión: Corresponde al proceso de resolución por parte de los organismos gubernamentales competentes, cuya responsabilidad, mecanismos y procedimientos suelen estar definidos en el marco normativo, especialmente en la constitución y leyes nacionales, en las ordenanzas departamental y los acuerdos municipales.

Definición del presupuesto: En esta fase se definen las fuentes de financiamiento y la asignación de los recursos financieros necesarios para ejecutar las políticas decididas. En términos estrictos esta etapa debería ser parte del proceso de formulación y decisión, de modo de contar con los recursos económicos necesarios para su puesta en marcha. La definición del presupuesto suele realizarse una vez aprobados los marcos normativos, planes, programas o proyectos.

Ejecución: Implica la realización práctica de la política pública. Mientras en la experiencia tradicional esta etapa era responsabilidad exclusiva de las autoridades e instituciones públicas, hoy se asume bajo el principio de corresponsabilidad entre los actores sociales, públicos y privados.

Control: Es la última etapa y se orienta al seguimiento y evaluación de los resultados, y la pertinencia y calidad de las políticas públicas aprobadas y ejecutadas. El control exige definir y manejar medidas de evaluación, expresadas normalmente como indicadores, sobre la base de los que se miden los resultados y se extraen aprendizajes para modificar, mejorar e incluso derogar políticas públicas y sustituirlas otras.

b.     Planes de desarrollo alternativos

Los planes de desarrollo alternativos es el otro producto resultante de las dinámicas de participación de la sociedad en las conversaciones de paz. La particularidad que tienen estos planes es que no son el resultado de la iniciativa particular de un gobernante en cumplimiento de su programas de gobierno, sino, de la articulación lógica de las necesidades de las poblaciones y los territorios mediadas por la decidida participación de la sociedad en su elaboración y ejecución.

Estos planes, buscan dar respuesta a las demandas sociales en materia del ejercicio pleno de sus derechos en aspectos que tienen que ver con el desarrollo económico, social, político y cultural de las poblaciones en los territorios. Son planes que toman en serio las iniciativas de las organizaciones sociales y ciudadanas, en materia de desarrollo sectorial, pero lo hacen de manera integral y no desagregada.

La particularidad que tienen estos planes alternativos, de vida o comunitarios,  como también son llamados, es que fundan una nueva institucionalidad en el orden de la participación en la generación de comunidades empoderadas con poder de decisión que reclaman ser protagonistas efectivas en los ámbitos de la implementación y la ejecución de esos planes, así como hacerles seguimiento y control a los programas y proyectos que técnica y económicamente rebasa sus posibilidades.  

3.     Una nueva Institucionalidad

Seguramente la formulación de la política publica y la elaboración de planes alternativos va dar origen a un nuevo modelo de institucionalidad que se piensa desde lo colectivo en la toma de decisiones y en la ejecución de lo planeado.   La institucionalidad hace referencia a los organismos públicos, así como a las organizaciones sociales, que a pesar de tener una estructura y composición distinta a la de las instituciones públicas y no disponer de tanto poder como las primeras, tienen presencia e influencia en las realidades en las que intervienen.

El paso de sociedades industrializadas a las de información y conocimiento, afectó el modelo burocrático y posibilitó el surgimiento del modelo de gerencia pública. Este último modelo acompañó la hegemonía de las políticas neoliberales, orientadas a restablecer el control de los sectores de poder político y económico sobre los agentes de la burocracia. Signos distintivos del modelo de gerencia pública son la gestión basada en la demanda de los usuarios o clientes y la transferencia al sector privado de la administración de los servicios públicos.

A partir de mediados de la década de los 90, el paradigma de institucionalidad pública comenzó a experimentar nuevas transformaciones. Desde entonces se pasó a hablar de gobernanza. Bajo este modelo, la calidad y legitimidad del actuar público se fundamenta en la articulación e interacción entre los diferentes actores sociales y el Estado, así como en la coordinación de los distintos niveles de gobierno.

 Los principales postulados de la gobernanza son: el Estado no es el único actor del desarrollo, se necesita la cooperación y corresponsabilidad de otros; la redefinición de roles y responsabilidades entre múltiples actores; no hay modelos únicos, sino eficiencia adaptativa a la realidad, flexibilidad, experimentación y aprendizaje por prueba y error.

 En suma, en la relación tradicional entre el Estado y la sociedad, se preserva para las instituciones gubernativas el papel esencial en la definición y conducción de las políticas públicas, fundamentadas en un funcionamiento vertical desde la institución pública a la ciudadanía a la que considera meramente como destinataria o beneficiaria. Desde este mismo enfoque, las decisiones sobre políticas se realizan a través de equipos técnicos o de especialistas, muchas veces con una visión sectorial y parcializada

En contraste a este enfoque, las nuevas concepciones sobre la gestión de lo público se sustentan en una relación más democrática desde lo comunitario. Así, en la medida en que el diseño, instrumentación y control de las políticas se realiza sobre bases amplias de participación, se posibilita la construcción de una visión más integral de los objetivos, así como la consideración de vinculaciones intersectoriales y de una perspectiva estratégica del futuro.

Estas nuevas formas de gestión de lo público no implican la anulación de los anteriores modelos, el burocrático y el de gerencia pública, sino su complementariedad, aportando a una relegitimación de las instituciones del Estado y de su papel en los procesos de desarrollo sobre la base de una decidida participación social. En algunas zonas en las que opera el ELN, la gobernabilidad ha tenido transformaciones significativas en el ámbito de un modelo de institucionalidad que involucra lo comunitario en la conducción de sectores estratégicos para el bienestar de las comunidades, como por ejemplo, los servicios públicos. 

4.     Incidencia  política en la formulación de planes de desarrollo y políticas públicas

La participación de la sociedad, la democracia y los cambios necesarios para la paz están concebidos en el marco de una propuesta de incidencia política real de la sociedad sobre los territorios.   La incidencia política puede ser entendida como el proceso mediante el cual la ciudadanía, los actores sociales, económicos e institucionales, participan o influyen en la definición, gestión y control de políticas públicas generales o sectoriales, en el ámbito local, departamental, nacional o internacional. Esta participación o influencia implica crear, modificar, hacer cumplir y/o derogar o limitar  políticas públicas.

Si bien la incidencia política en general y la incidencia en políticas públicas son parte de la acción política, adquiere relevancia mayor la incidencia en la formulación de políticas públicas en la medida en que supone la modificación de los marcos normativos, institucionales, presupuestarios, así como de los planes, programas y proyectos públicos, en el ánimo de que respondan a los intereses de sectores sociales que tradicionalmente están marginados.

Hay en general consenso que las políticas públicas más adecuadas, pertinentes y eficaces, son aquellas que se construyen de manera participativa e incluyente, puesto que se sustentan en el ejercicio de derechos. Esta forma de construcción de las políticas públicas no se reduce a la creación de condiciones normativas, institucionales y operativas, sino que, además, aporta en la transformación de las relaciones asimétricas de poder entre los diferentes actores sociales, lo que da cabida a la posibilidad de contar con políticas pública incluyentes y formuladas desde una visión de desarrollo con equidad.

La incidencia en la formulación de políticas públicas es un proceso relacional entre múltiples actores, organizaciones sociales, instituciones privadas, sectores empresariales, políticos, con los poderes públicos, que incluyen al gobierno, parlamento, administración de justicia y organismos de control. Es por tanto un proceso eminentemente político, en el que se juegan diversos intereses y relaciones de fuerza o poder. No obstante el carácter político de estos procesos, la formulación, presupuestación, gestión y control de las políticas públicas, también requiere criterios y aportes de carácter técnico, pues, se necesita de planificación y direccionamiento estratégico y de construcción técnica política de alternativas viables para solucionar los problemas o limitaciones que motivan las intervenciones.

Los sujetos destinatarios de la incidencia son los poderes públicos, en cuanto actores del proceso de toma de decisiones. De especial relevancia son las funciones ejecutivas o de gobierno, y las parlamentarias o legislativas, en los ámbitos locales, departamentales, nacionales e incluso en el escenario internacional como respuesta a la influencia que ejerce esta esfera en un contexto de globalización. Surge así cada vez con más fuerza la idea de una sociedad civil global o internacional con capacidad de incidir en la definición de las regulaciones mundiales desde el enfoque de los derechos de la humanidad.

Hoy no basta con que las políticas públicas sean el resultado del trabajo técnico y la decisión de las autoridades democráticamente representativas. Se exige que las políticas se encuentren debidamente formuladas y sustentadas y que consideren los diversos intereses y valoraciones existentes en la sociedad, garantizando la participación deliberativa de distintos sectores.

En este sentido la Incidencia en políticas públicas (IPP) es un proceso (Participativo, Intencionado,  Organizado,  Planificado,  Sistemático, Político, Técnico) mediante el cual Actores sociales, económicos, institucionales y la ciudadanía en general, influyen en Políticas públicas a diferentes niveles (Local, Regional, Nacional, Internacional), modificando relaciones de poder, con el propósito de garantizar el ejercicio de derechos fundamentales, el Desarrollo con equidad, una decidida influencia en la formulación de Políticas públicas incluyentes.

5.     Democracia y participación ciudadana

No existe una  única definición democracia. La “democracia” tiene acepciones diferentes, según la ideología de quien lo aplica (liberal, neoliberal, socialista, socialdemócrata, popular…). Seguramente el ELN adoptará una concepción  de democracia como la doctrina o sistema político que se sustenta en la intervención del pueblo en las decisiones colectivas o de gobierno. En este régimen político, la soberanía reside en el pueblo y es ejercida por éste de manera directa o indirecta.

Se habla de democracia directa cuando las decisiones son tomadas directamente por los miembros del pueblo, de las comunidades, de sus formas naturales de organización social y ciudadana. Hay democracia indirecta o representativa cuando la decisión es adoptada por personas que han recibido el mandato de representación por parte del pueblo. La democracia participativa alude al hecho de que el modelo político permite la participación directa de la ciudadanía para negociar sus intereses y buscar la generación de consensos públicos, comunitarios y privados, basados en la reivindicación de los derechos ciudadanos. Estas tres formas de democracia no constituyen por sí alternativas diferentes sino que pueden ser aplicadas de manera complementaria.

El ELN seguramente parte de la afirmación de que existe una crisis de legitimidad que enfrentan los sistemas democráticos de varios países latinoamericanos como consecuencia de las limitaciones que han evidenciado para solucionar las grandes inequidades sociales que afectan a amplios sectores de la población, razón por la cual ha impulsado el surgimiento de iniciativas para fortalecer el talante democrático entre la ciudadanía y de los movimientos sociales, con el propósito de renovar las instituciones públicas, dotándolas de mayor efectividad y capacidades para que representen las demandas de las poblaciones y puedan canalizar y aportar en la resolución de conflictos regionales y nacionales.

 Igualmente el ELN es del criterio que la falta de credibilidad de las élites políticas y de ciertas autoridades públicas, evidencia que no es suficiente la elección por voto popular para garantizar la legitimidad; esto, en el mejor de los casos, lo que puede permitir es la legalidad. La legitimidad en las actuales condiciones depende de la sintonía, participación y representación por parte de los actores sociales,  políticos y públicos de las demandas e intereses sociales y ciudadanos.

En consecuencia, el reclamo participativo  del ELN no significa competir por las decisiones con las instituciones de representación, sino que demanda que éstas se apeguen a los intereses, necesidades y  derechos sociales y ciudadanos. En otras palabras, la democracia directa y participativa no reduce ni eliminan  el papel de la democracia representativa, sino que le dan un nuevo significado democrático. Una mayor participación social y ciudadana significa no solamente un mecanismo para garantizar derechos democráticos, sino también para asegurar la participación  social y ciudadana frente a los asuntos públicos, lo que conlleva a asumir mayores obligaciones.

Como se puede evidenciar, la participación social y ciudadana es un componente fundamental de un nuevo tipo de democracia, constituida por la combinación y síntesis entre democracia representativa y las democracias participativa y directa, lo cual a su vez se constituye en prácticas de buen gobierno, como mecanismo de expresión del interés o proyecto de los distintos actores sociales. Tal combinación puede conducir a la reforma democrática del Estado y a la transformación de las relaciones entre el Estado y la sociedad, especialmente en lo que respecta a la modificación y reducción de las asimetrías sociales y las relaciones de poder.

Además de abonar en una nueva forma de democracia, existen algunos otros argumentos a favor de la participación: proporciona información sobre el ambiente social en el que se ejecutarán las actividades de desarrollo, revela de manera más eficiente las demandas y necesidades de las comunidades en los territorios, genera aprendizajes sociales e innovación en practicas democráticas y de gestión pública , fortalece los actores y las instituciones locales, genera mayor credibilidad y legitimidad sobre los procesos, contribuye a mejorar la eficiencia de las instituciones locales, contribuye a la formación de capital social, fortalece el desempeño productivo de la región o localidad, contribuye al fortalecimiento de identidad local o regional.

Respecto a la participación se constatan dos grandes visiones. Se puede ubicar a la participación como un instrumento de técnica social y política dirigido a involucrar la población en la elaboración de propuesta  o, por el contrario, se la puede relacionar con el mejoramiento de las instituciones públicas y con el ejercicio de la democracia en un proceso de ampliación y profundización de la misma que se ve reflejado en cambio de la orientación de la gestión pública hacia un modelo más incluyente y pluralista. La participación combina ambas dimensiones, aparece como una alternativa frente a la crisis del sistema político y al modelo económico excluyente, a los desafíos de eficacia y sustentabilidad de los procesos de desarrollo, y a las nuevas prácticas de desarrollo local y descentralización.

Los procesos participativos requieren construir ciertas condiciones básicas para madurar y ser efectivos, lo cual demanda tiempo para promover la organización y empoderamiento de los actores sociales, para identificar sus demandas y construir alternativas técnicas, para profundizar el conocimiento de la realidad social y de los procesos de toma de decisiones respecto a los asuntos públicos, para abrir el diálogo y capturar la atención de las autoridades y actores que lideran o facilitan las decisiones, propender al equilibrio de fuerzas cuando existen relaciones asimétricas de poder, entre otras. Esta situación debe ser considerada por la mesa de conversaciones gobierno-ELN, porque existe una saturación del proceso de conversaciones de la primera mesa que recibe la segunda sobre la que seguramente va pesar con mayor fuerza la demanda de resultados en tiempos mas breves. Por esto es necesario definir con claridad el tipo de productos que se demandan de la participación de la sociedad que son necesarios para la paz y las metodologías y cronogramas a través de los cuales se van a logra esos productos, que deben servir para la firma de un acuerdo de terminación del conflicto, pero que son apenas el punto de partida de una largo proceso de transformaciones democráticas.
   
La participación de la sociedad en la formulación de políticas públicas y planes de desarrollo alternativos tiene diversos niveles que fluctúan desde el acceso a la información, hasta formas de participación más complejas y completas que involucran a las comunidades en aspectos relevantes de la gestión pública y la ejecución de políticas, planes y proyectos de desarrollo.

Una ruta de participación podría considerar varios niveles,  pero los más usuales suelen ser los siguientes:

        La información se encuentra en el primer nivel de participación social y ciudadana y es la condición básica para hacer posible cualquier otro tipo de participación. Se basa en el conocimiento de lo que existe o las propuestas de normas, planes, programas, proyectos y presupuestos de las comunidades y los organismos públicos. Es un nivel que establece con claridad el estado de las cosas a manera de un diagnostico de situación de cambio que construye la inteligencia social necesaria para que se puedan tomar decisiones razonables y acertadas.

·         Un segundo nivel es el de la consulta a la ciudadanía, a través de consultas populares, asambleas locales o regionales, cabildos populares, constituyentes locales,  mesas de trabajo, interlocución y concertación, entre otras posibilidades que permitan a las comunidades conjuntamente con las autoridades gubernamentales y legislativas locales procesar acuerdos sobre las demandas y urgencias de la población respecto a la acción pública.

        La participación con capacidad de decisión es el tercer nivel, cuyas formas más conocidas son el plebiscito y el referéndum, aunque existen otras novedosas con alcances mas localizados como la elaboración de planes de desarrollo y presupuestos participativos o la planificación concertada del desarrollo local, entre lo público y lo comunitario.

        La corresponsabilidad en la ejecución de los planes de desarrollo y las políticas públicas puede ser considerada como el cuarto nivel. La ejecución supone una adecuada distribución de funciones y responsabilidades entre el Estado, las comunidades y la ciudadanía en general. La inclusión de las comunidades y los movimientos sociales en la ejecución de programas, planes y proyectos de interés común con acompañamiento técnico y control fiscal constituye un ejercicio innovador en materia de participación en gestión pública. 

        Un quinto nivel es el control social de las acciones de las instituciones públicas por parte de la población y sus diferentes formas organizativas, lo que se relaciona con el seguimiento y la evaluación, así como con diversas formas de escrutinio y veeduría ciudadana, sobre el cumplimiento de lo acordado y construido socialmente.

6.     Riesgos y límites de la participación de la sociedad

Las oportunidades para participar e influir en políticas públicas no son las mismas para todas y todos los ciudadanos. La exclusión que caracteriza a nuestras sociedades margina a amplios sectores sociales de la definición, ejecución y control de políticas públicas. Por condición de género, por la extracción socioeconómica, por el origen étnico, la edad o el lugar de residencia, gran parte de la población de nuestro país enfrenta obstáculos para participar.

La pérdida de linderos entre gestión pública y el intereses privados que se viene produciendo desde hace algo más de tres décadas, junto con el oportunismo que ha manifestado las elites políticas y económicas y su particular desinteres por el bienestar comun, han generado desencanto en la ciudadanía y desconfianza hacia las instituciones del Estado. En la actualidad, varios conflictos se expresan y resuelven fuera de los canales legales en la construcción de nuevas institucionalidades que hacen la forma Estado.  

Pese a estos problemas y al ejercicio brutal de la violencia, las comunidades, sus movimientos sociales y la  ciudadanía ha ido tomando fuerza a través de la acción organizada de sectores étnicos, barriales, de mujeres, ambientalistas, de gobiernos locales, entre otros. Los actores tradicionalmente excluidos de los procesos de construcción de políticas y sin capacidad de hacer valer su visión en la gestión pública, tienden hoy en día a ejercer sus derechos ciudadanos y a ser reconocidos desde sus propios espacios. Poco a poco han ido convirtiéndose en sujeto social, de derecho y político con influencia determinante sobre el territorio.

No obstante toda la oferta de oportunidades que tiene la participación de la sociedad en la definición de los asuntos públicos del desarrollo es necesario señalar que  también existen determinados tipos de riesgos o limitaciones en los procesos participativos:

La más importante limitación es la ausencia de poder de los sectores que tienen menos recursos y menor capacidad para influir en los procesos y toda toma de decisiones: la población que soporta situaciones de pobreza en extrema desorganización y dispersión, la poca, condicionada participación de  los niños, niñas y adolescentes, las mujeres, los indígenas y afro americanos, entre otros.

Las limitaciones para confrontar con grupos o élites participativas, que generalmente cuentan con niveles más altos de cultura, conocimiento técnico y mayores recursos institucionales, materiales y económicos, pero que no necesariamente representan los intereses de los sectores sociales marginados.

La participación de la ciudadanía no organizada, que conforma la mayoría de la población, así como el temor al conflicto armado o a la represión institucional  que experimentan amplios sectores sociales.

La percepción del conflicto través del conflicto armado, desconociendo la naturaleza social y política del mismo. Este supuesto minimiza el conflicto y los reduce a prácticas de violencia. El conflicto entendido positivamente y tratado de manera adecuada da origen a una mayor democratización de la sociedad. No hay que olvidar que uno de los elementos esenciales de la democracia y la política ha sido el conflicto que se produce por las asimetrías sociales, impulsando a que determinados sectores se orienten hacia la búsqueda de equidad y justicia.

Un riesgo al que hay que prestar especial atención es el que genera un modelo de participación inútil, en el que se desgastan las fuerzas sociales elaborando propuestas y proponiendo políticas, planes, programas, proyectos, acciones  que no tienen ningún nivel de influencia en el comportamiento institucional, son ignorados, o aun peor,  acordados e incumplidos.
   
Otro riesgo es no entender que el diálogo político pluralista, es aquel en el que se establece una relación e interacción entre dos o más actores diferentes, que están dispuestos al entendimiento a través de la expresión de sus intereses y razones, y de la negociación deliberativa y de concertación.

En su dimensión política y social, el conflicto constituye una demanda por mayor libertad y participación social, así como por una mejor distribución del poder político y mayor equidad social y,  ese es el propósito ultimo de la participación social con incidencia política.

7.     Desafíos organizativos de la participación de la sociedad en la construcción de paz

La participación social y ciudadana en el desarrollo de la gestión política y el fortalecimiento de la democracia debe ser  caracterizada como diversa y compleja. Su tratamiento depende de múltiples factores, como el momento histórico que se vive en el país y en las regiones, la pertinencia social de la misma, el entorno cultural e ideología de quienes participan, su capacidad organizativa y de movilización social, su inteligencia propositiva, la capacidad para aceptar y moverse en una pluralidad de intereses, la disposición política de la institucionalidad, la existencia de canales legales y legítimos, condiciones y recursos, los acompañamientos técnicos, los mecanismos de resolución negociada de conflictos, las mediaciones calificadas, entre otros.

Pese a esa complejidad apenas esbozada es necesario establecer unos criterios que ayuden a sortean los desafíos que tiene la participación de la sociedad en un proceso de conversaciones de paz donde su protagonismo es esencial.

Creo que un punto a resolver es el de la capacidad de incidencia política de la sociedad en la toma de decisiones y en el procedimiento mismo de la participación. Anotemos algunos aspectos a tomar en consideración:     

a.      En un proceso participación social que se proponga tener incidencia política es preciso asegurar que el actor social o los actores sociales que lo promueven, incorporen fórmulas de concertación a lo interno de sus propias organizaciones. Esto es que antes que llevar denuncias,  diagnósticos y cargar demandas establezcan rutas claras de concertación social sobre lo realizable y que ello sea el resultado de una modalidad interna de consulta, análisis y decisión que depuren, clarifiquen y hagan explicitas elaboraciones que permitan fluir en las conversaciones y dar respuesta oportuna y pertinente a los procesos de conversación y acuerdos que se dan hacia fuera. Lo decidido internamente es material de trabajo y no debe convertirse en obstáculo insalvable. Es materia de acuerdo y no de imposición.

b.       Las organizaciones sociales deben relacionarse con diferentes instancias de la gestión pública, incluyendo a los partidos políticos. Si bien los partidos políticos han perdido credibilidad y representatividad, no dejan de ser organizaciones de la sociedad civil que se orientan específicamente a la incidencia política y trabajan para acceder al ejercicio directo de la gestión pública. Son elementos imprescindibles del escenario democrático y el desafío consiste en lograr y mantener esquemas democráticos a su interior. Las organizaciones y movimientos sociales deben incidir cada vez más en el comportamiento de los partidos políticos, en tanto éstos tienen la función de mediar en la solución de sus problemas frente a las instituciones estatales

c.        Muchos temas sobre los que se requiere incidir, pueden revestir diversos grados de complejidad, por lo que puede ser de extrema importancia contar con adecuados niveles de información y de criterios técnicos. Con asesoría y acompañamiento académicos y profesionales que faciliten la toma de decisiones pertinentes.

d.      Es necesario considerar la participación de la sociedad  como actor en procesos de incidencia política, debe tomar en consideración  toda entidad social e institucional con identidad propia que tiene visión e interés sobre un tema, sobre el que asume posición, y actúa y construye una relación social y de poder. En este sentido los actores que participan en procesos de incidencia en política son todas las entidades que participan en la construcción, implementación y control de una política pública en relación a un tema definido. Entre ellos en orden de importancia las autoridades públicas como gobierno nacional, gobernaciones, Congreso Nacional asambleas departamentales, concejo municipal, ministerios, secretarias de despacho, funcionarios y técnicos de una entidad o servicio público; Organización social de base y de segundo grado; movimientos sociales: partidos políticos; grupos cívicos; Organizaciones No Gubernamentales; sector privado empresarial; organización confesional, iglesias; centros de experticia, de investigación, académico o profesional; medio de comunicación (canal de TV, periódico, emisora radial, página Web); entidad de servicio – ONG –, proyecto de cooperación internacional; comunidades étnicas, población LGTBI, Movimientos ambientalistas;  entre otros

e.      El grado de involucramiento de un actor en el proceso de Participación Política con algún nivel de incidencia puede variar de intensidad y profundidad. Un actor puede únicamente disponer de información relevante sobre un tema, estar en conocimiento del marco legal y político existente y de las propuestas de normas y planes en elaboración. En otro nivel puede estar invitado a expresar su demanda y puntos de vista respecto a la acción pública y las propuestas en proceso de elaboración, hasta llegar a exteriorizar su opinión y participar de la decisión sobre una política pública (por referéndum, por voto, etc.) y ser co-responsable en su ejecución y el control de su implementación.

f.        Es importante desarrollar una comprensión de las fuerzas sociales que tienen intereses en una determinada política pública, por ejemplo, ambiental, minero- energética, desarrollo agrario, seguridad ciudadana, salud, educación… Para eso se propone una clasificación de las categorías de análisis y una organización racional de las poblaciones intervinientes donde se pueda hacer el mejor uso de sus experticias y motivaciones para establecer el diagnóstico y diseñar las políticas y estrategia a seguir. Es importante que quienes integran la fuerza organizadora e impulsora de la participación social en los territorios puedan identificar de manera concreta a los demás actores con capacidad de incidir en la elaboración de propuestas, elementos de políticas públicas, a fin de establecer estrategias viables o introducir ajustes que incrementen el impacto de su participación.

g.      Debe existir una fuerza organizadora e impulsora de la participación compuesta por actores sociales, económicos, políticos, públicos, cívicos, que ejercen presión directa o indirecta sobre el poder gubernamental para obtener decisiones de política pública conforme a su visión e interés.   Esta fuerza debe ser amplia y pluralista y tener la iniciativa de organizar el trabajo y conducirlo, asi como de analizar las problemáticas y sus repercusiones, identifican a los otros actores, definen la estrategia para su participación. El propósito es incidir políticamente en el logro de una adecuación o un cambio de política y,  en la elaboración del diseño técnico-político de las propuestas, para lo cual se pueden hacer acompañar de asesores y expertos.

h.      En la participación de la sociedad no se refunda ni la sociedad,  ni el Estado, pero si se amplia y se profundiza la democracia y se crean las condiciones para que los procesos de transformación social fluyan con mayor legitimidad y legalidad, por esto, es necesario establecer un buen relacionamiento con las instancias que cuentan con atribuciones y competencias para resolver las demandas de políticas públicas y persuadirlas de la importancia que tiene la gestión social en el desarrollo de la gestión pública.

i.        La participación de la sociedad que hemos caracterizado como diversa y compleja, no siempre esta en el sentido del interés colectivo y el bien común, también existen fuerzas que están detrás del interés particular y el bien privado.   Actores sociales o institucionales que se oponen a las propuestas y que disponen de recursos para influir sobre los responsables de la toma de decisión. Cualquier iniciativa de Participación Política genera resistencia de distinta naturaleza e intensidad y tiene opositores con diversos argumentos y fuerza. Sin embargo, es necesario tener presente, que las fuerzas opositoras no siempre constituyen bloques monolíticos; a su interior pueden presentarse sectores con los que se puede negociar, lo que permite evitar que las propuestas sean bloqueada. Lo ideal es que se pueda favorecer los interese de todas las partes, pero eso no es posible. Siempre es mejor un acuerdo con limitaciones, que una nueva guerra.  

j.        Para que la participación social se revistan de mayores legitimidades siempre es pertinente contar con apoyos de personas influyentes, una opinión pública a favor, organizaciones importantes… que pueden jugar un rol decisivo en el momento de definiciones. Actores que intervienen de manera activa en los procesos de decisión tales como los medios de comunicación (TV, radio, prensa), los partidos políticos y movimientos sociales, los centros de experticia (medio académico, instituto especializado, gremio profesional), las instituciones religiosas, las fuerzas armadas… Estos actores tienen un gran poder en la sociedad, influyen en la percepción de la ciudadanía, en la formación de corrientes de opinión y en la posición de las personas que deciden. Pueden bloquear o visibilizar las propuestas.


8.     Una ruta metodológica sencilla

Lo más difícil de un proceso de participación de la sociedad, en un ambiente de ampliación y profundización de la democracia para señalar propuestas que generen cambios necesarios para la paz es como hacerlo y en que tiempos. Para ello sería pertinente tomar en consideración los siguientes aspectos en la construcción de unidades de análisis en el establecimiento de proceso que no por complejos deben ser inmanejables:  

1.      Establecer los elementos que unen a los actores. Los actores sociales delimitan la problemática que les preocupa, las necesidades que tienen en común y acuerdan los objetivos de cambio que persiguen. Esto es elaboración de agendas.

2.      Definición de mecanismos de participación y de representación El grupo define los mecanismos que van a permitir la participación de los diferentes segmentos de actores que lo compone. Esto es la organización de la participación y la construcción de los niveles de decisión, representación y autoridad.

3.      Auto-diagnóstico de la problemática El grupo procede a un análisis de las diferentes dimensiones de las problemáticas, de los actores involucrados y de de las formulas de solución. Esto significa produccion social de insumos:

4.      Elaboración de una propuesta y un plan de acción que reflejen voluntad colectiva. Esto sistematización y formulación de política y con un plan de incidencia.

5.      Definición de una organización apropiada El grupo determina una organización eficaz, establece niveles de decisión y autoridad, representación e interlocución legítima que se apropie de la responsabilidad de llegar acuerdos y del seguimiento a la implementación.

6.      Ejecución y evaluación del plan El grupo lleva a la práctica el plan de incidencia con capacidad de adaptarlo en función de los avances logrados, de la reacción de los otros actores y de las condiciones cambiantes del entorno.

Existen varios métodos para promover y realizar procesos de incidencia de la sociedad en la formulación de políticas públicas, pero en general todos tienen que pasar por cuatro pasos:

1.      Diagnóstico se define la situación o situaciones de conflicto

2.      Elaboración de la propuesta se distingue entre a) la identificación de los elementos clave de la política a introducir o a modificar y b) el delineamiento de estrategias de acción para lograr incidencia.

3.      En el establecimiento del plan de incidencia sugiere a) definir las líneas de acción y la repartición de responsabilidades y b) la lógica del plan.

4.      Seguimiento y evaluación tomar en cuenta a) el seguimiento-evaluación de la ejecución del plan b) la evaluación del impacto efectivamente logrado con la nueva política.

Reflexiones finales

Convertir a la sociedad en un sujeto de dialogo en unas conversaciones de paz es fruto de un proceso paulatino de empoderamiento que conduce a actores sociales marginados o excluidos a desarrollar su visión del mundo social y político, a ganar identidad y su voluntad política, y de esa manera a concebir y realizar acciones de incidencia política  para negociar entornos más favorables a sus necesidades. Incidir en la gestión pública con eficacia requiere y fomenta una actitud proactiva, promueve el fortalecimiento organizacional y la necesidad de robustecer liderazgos, de formular objetivos claros y desarrollar capacidades para posicionarse ante la opinión pública y a otras fuerzas sociales.

La capacidad de influir en lo político depende del poder que el grupo logra controlar y de su capacidad para utilizarlo, lo que tiene que ver con su fortalecimiento como sujeto social y político tanto a su interior como en sus relaciones con otros grupos e intereses, lo que tiene implícito un diálogo más amplio que sus propios espacios naturales y sus propias u exclusivas necesidades.

Los movimientos sociales luchan para lograr negociar nuevas reglas más equitativas que contribuyan a la transformación de las relaciones de poder y a la construcción de ambientes de bienestar, convivencia y seguridad superiores, pero están en espacios en que la multiplicidad intereses debe ser tenida en cuenta en diálogos abiertos y francos en que se construyen agendas comunes. La produccion local y regional, genera insumos para la construcción de política pública de implicaciones nacionales, porque se comparten problemáticas y necesidades que lo posibilitan.

Un ruta acertada en esa propuesta hecha por el ELN de depositar la confianza en la sociedad para que participe democráticamente en la formulación de propuestas, política publica y planes de desarrollo alternativo, es que esta concluya en el tiempo en una gran DIALOGO NACIONAL y en un PROGRAMA NACIONAL DE PAZ, que comprometa reformas constitucionales e institucionales democráticas,  Políticas públicas, planes de desarrollo e inversiones focalizadas.     


Notas Bibliográficas. Gran parte de las ideas de este documento pertenecen al patrimonio cultural de los movimientos sociales de América Latina expuestos en varios eventos y talleres internacionales y sistematizadas en documentos de los cuales fueron tomadas de manera literal y ajustadas a la realidad y a las necesidades del actual proceso de paz Gobierno Nacional –ELN. Entre los documentos utilizados son relevantes; “¿Cómo actores sociales inciden en políticas públicas?”. Memorias del IX Seminario Taller Latinoamericano ASOCAM. Cochabamba, Bolivia. Benalcázar, Patricio. (2006). “Incidencia Política: Estrategia, Metodología y Herramientas” Ponencia presentada en el Seminario –Taller de ASOCAM. Área de Sociedad Civil de CRSEcuador. Cochabamba, Bolivia. CARE (2001). Promoviendo el cambio de políticas. Guías y herramientas para la incidencia política. Atlanta, USA. Cifra, Jordi (1998). Lobbying, cómo influir eficazmente en las decisiones de las instituciones públicas. Ediciones Gestión. Barcelona, España. http//:www.wikipedia.org Ocón (2006). “Reflexión sobre la aplicación de métodos”. Ponencia presentada en el Seminario –Taller de ASOCAM. Cochabamba, Bolivia. Prats i Catalá, Joan (2005). Las transformaciones de las administraciones públicas de nuestro tiempo. Institut Internacional de Governabilitat de Catalunya, Barcelona, España. McKinley, Andrés. CRS (2002). Facilitando un taller básico de incidencia política. El Salvador. WOLA-CEDPA (2005).